Google+ Le Plessis-Esmangard: Plus de 50 000 spectateurs : l’Hermione fait rêver Rochefort

vendredi 6 juillet 2012

Plus de 50 000 spectateurs : l’Hermione fait rêver Rochefort

 
Coefficient de marée de 102 et vague humaine pour la première sortie de la frégate Hermione. Elle est la réplique presque exacte du bateau qui emmena le jeune (21 ans) Marquis de La Fayette vers les États-Unis en mars 1780 pour épauler la jeune démocratie en lutte pour son indépendance.
Mille tonnes
Pieds écartés comme pour pallier le roulis, le Quimpérois Gilles Bossard, se concentre sur le sas de la forme de radoub. Vu du haut de la poupe de l’Hermione, l’espace paraît bien étroit. C’est pourtant ce goulet, qui laissera un peu plus d’un mètre de chaque côté du bateau, que la frégate va embouquer vers 19 h pour rejoindre les eaux de la Charente. « Sous la quille, il devrait rester deux pieds de pilote (environ 60 cm). »
Une marge qui ne permet pas les excès. « Nous n’avons d’ailleurs pas chargé tout le lest pour alléger son tirant d’eau. » La coque en chêne de 47 m pèse tout de même ses six cents tonnes. « Quand elle sera totalement équipée, elle dépassera les 1 000 tonnes. » Après parade sur la Charente, la frégate va mouiller pour la nuit sur le fleuve avant de rejoindre, demain à l’aube, la forme Napoléon, toujours à Rochefort, où elle sera équipée de ses mâts en octobre.

50 000 tickets vendus

Pour assister à la première sortie symbolique du navire dont la construction a démarré en 1997, des milliers de personnes ont fait le déplacement. « Nous avons vendu 50 000 tickets », indique Jean-François Fountaine, président de la Fédération française de nautisme et membre très actif de l’organisation.
Dans les rues de Rochefort dessinées au cordeau, touristes et passionnés de marine en bois se pressent pour assister au défilé coloré. Ils se rassembleront ensuite sur les rives du fleuve pour assister à la parade nautique. Cinquante embarcations de toutes tailles, dont le Mutin de la Marine Nationale, et le Belem, arrivé la veille. Pendant trois jours, la cité charentaise va faire la fête. Feux d’artifices, spectacles de rues, concerts, rien n’est trop beau pour le bateau. Deux cents journalistes ont été accrédités pour l’événement.
15 ans de construction
« Ce bateau symbolise l’esprit d’aventure, de persévérance et de liberté », commente Ségolène Royale, présidente de la Région Poitou-Charentes engagée dans le financement du projet. « L’idée nous est venue un soir de septembre 1993. Nous étions devant cette forme de radoub et nous nous sommes dit qu’une forme sans bateau ça n’allait pas », se souvient Erik Orsenna. De ces réflexions nocturnes est née l’Hermione et la renaissance de l’arsenal de Rochefort, détruit à la Libération au printemps 1944.
Plus de 550 navires sont sortis des ateliers de Rochefort. « Des frégates comme celle-ci, on les fabriquait en série. Colbert avait décidé que la France construirait ses navires au lieu de les acheter à l’étranger », raconte l’académicien. L’Hermione qui emmena La Fayette fut construite en six mois par 350 ouvriers. La version 2012 aura pris 15 ans.
25 millions d’euros
Depuis la pose de la première pièce de chêne, la quille, plus de 3,5 millions de personnes ont visité le chantier. « Le budget construction, 23 millions d’euros, est bouclé. Il nous permet de terminer tout le gréement pendant les dix-huit mois de travaux qui restent encore à courir », assure Benedict Donnelly, président de l’association Hermione La Fayette. En revanche, il manque deux millions d’euros pour assurer la formation et la préparation des 20 hommes d’équipages qui manœuvreront les 2 200 m2 de voilure, mais aussi pour financer le voyage vers les États-Unis, prévu en avril 2015. « Une première sortie en mer est prévue entre Rochefort et l’île d’Aix en juillet 2013 », souligne Jean-François Fountain. Les organisateurs comptent sur la générosité des fondations et des villes américaines susceptibles d’accueillir l’Hermione pour récupérer quelques dollars. « L’événement est retransmis en direct dans les locaux du consulat de France à New-York devant 300 invités américains », indique Benedict Donnelly.

Jean-Pierre BUISSON.

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