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Une mauvaise nouvelle.
Des milliers d'oeufs et des bébés de tortues luth ont été écrasés cette semaine par des engins de chantier sur l'île de Trinité. Ironie du sort : le chantier avait pour but de détourner l'embouchure d'une rivière qui risquait de détruire un hôtel dont les habitants venaient justement observer les fameuses tortues.
20.000 oeufs et nouveaux-nés de tortues viennent d'être écrasés par des bulldozers sur l'île de Trinité dans la république de Trinité-et-Tobago, au large du Vénézuela. Ce lieu abrite la plus dense communauté de tortues luth (Dermochelys coriacea), les plus grandes tortues marines existantes. Celles-ci peuvent atteindre 2 mètres de long, une tonne et vivre jusqu'à 100 ans. Elles sont en voie de disparition notamment car, bien qu'elles puissent pondre jusqu’à 85 œufs d’une seule traite, à peine 1% des petits survivent jusqu’à l’âge adulte.
Lors de ce massacre, les ouvriers, dirigés par le ministère des Travaux publics, étaient en train de rediriger la Grand Riviere. Cette rivière menaçait en effet les fondations de l'hôtel "Mount Plaisir Estate" où des touristes du monde entier logent pour regarder les énormes tortues luth pondre leurs oeufs. C'est en tentant d'élever une digue de sable, que les ouvriers ont malencontreusement écrasé les oeufs en cours d'éclosion. Pour les autorités de l'île : "Seulement quelques centaines de petits ont été perdus." Les travaux devaient être menés à terme, parce que le détournement du fleuve risquait "de causer plus d'érosion et de pertes de nids sur le côté occidental de la plage".
Un chantier disproportionné et une procédure non respectée
Pourtant, Marc de Verteuil, membre de l’association Papa Bois Conservation, a déploré une mobilisation de moyens logistiques disproportionnée par rapport à la taille de la plage et de la vulnérabilité de sa biodiversité. Selon lui, la procédure n’aurait de plus pas été respectée et l’équipe des Travaux publics responsable du massacre aurait cédé à une forme de panique.
Piero Guerrini, l'hôtelier italien qui a fait pression sur le gouvernement de Trinité pendant des mois pour rediriger la Grand Riviere était également choqué et désemparé par le résultat final. Il explique : "Pour une raison incompréhensible, les ouvriers se sont mis à creuser à l'autre bout de la plage, en empiétant largement sur les zones de nidification. Tout cela aurait pu être évité, si une étude sérieuse préalable avait été mise en œuvre par la ville de Trinité. Cela a été fait n'importe comment, sans aucune réflexion ni bon sens, c'est une véritable catastrophe." Guerrini a confirmé que son hôtel était plein de touristes venus observer de près la naissance des nouveau-nés à la sortie de leurs nids, ainsi que leurs difficiles parcours sur la plage pour atteindre les eaux profondes où ils sont à l'abri des prédateurs. A la place, ils ont assisté a un véritable massacre aux bulldozers qui, d'après l'hôtelier, va laisser "beaucoup de mauvaises images dans l’esprit des gens".
"C'était un chaos ignoble"
Sherwin Reyz, un membre de la Grand Riviere Environmental Organisation, estime que des dizaines de milliers d'oeufs ont été écrasés par les engins de chantier, mais aussi consommés par des vautours et des chiens errants descendus sur la plage pour manger les restes laissés par l'opération du ministère des Travaux publics. Reyz, qui a aidé à sauver des centaines de bébés tortues, raconte : "[Les prédateurs] ont fait un excellent repas. J'étais presque en larmes. C'était un chaos ignoble."
Les tortues luth retournent pondre leurs oeufs sur la plage où elles sont elles-mêmes nées. Mais le sol de nidification de la Grand Riviere est si populaire que les femelles tortues en train de déterrer leurs oeufs déterrent parfois accidentellement ceux des autres, pas encore éclos. Pour Marydele Donnelly, chef de la politique internationale de la Sea Turtle Conservancy, basée en Floride : "Les pertes évitables de milliers d'oeufs et de nouveaux-nés sont toujours une source de préoccupation mais cet évènement-ci va changer le cours de la conservation des tortues luth dans les Caraïbes."
En effet, alors que l’abattage des tortues de mer est interdit dans le pays depuis 1966, les efforts de conservation consentis depuis près de 50 ans pour préserver l’espèce, eux, viennent d’être en grande partie anéantis.
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